vendredi 10 mars 2017

BATTLESTAR GALACTICA ( 2003 )

Un peu de pop culture après ces posts dans les hautes sphères...
Malgré les a priori sur le genre science fiction et le titre un peu kitsch qui rappelle la non moins kitsch série éponyme qui l'a inspiré, ce n'est pas une "régression" dans la prétention intellectuelle de ce blog: tout est bon dans "BSG" (c'est à la fois plus court et moins kitsh... ): le Fond, la Forme à tous ses niveaux ( scénario, rythme, jeu d'acteurs... ).
Et puis après tous ces cours théoriques sur la construction des comportements, c'est un excellent exemple d'application pratique. Je crois que c'est pas "pour rien" que j'idolâtre littéralement cette série et son univers fictif...

"Cylons were created by men, they evolved, they rebelled,
there are many copies
and they have a plan..." ( le générique, cité à la fin du permier chapitre avec Martens. )

C'est LA série de S.F. à conseiller à ceux qui n'aiment pas la S.F.: une présence pas envahissante de la technologie, un "technobabble" facilement compréhensible ( suffit de retenir "FTL drive", "viper" , "call sign" "squad leader" "CAP" et "raptor" ), des faiblesses humaines savoureuses et en pagaille, des rebondissements incessants, des révélations à la pelle, un défonçage de clichés en règle - les fans historiques ont détesté au début, la critique et le public ont fini par adorer - et surtout une histoire complexe mais cohérente du début à la fin, avec des changements d'atmosphères entre les saisons qui peuvent parfois dérouter mais ne sont jamais gratuits et dont les conséquences logiques ne sont pas éludées par la suite ( voir le graphique à la fin, y'a pas de hasard: quand on peut faire des jolis graphiques, c'est que c'est bien foutu...), un final grandiose et humain à la fois ( prévoir les mouchoirs )...
 J'oubliais: une musique exceptionnelle ( ma B.O préférée, toutes catégories confondues, un extrait sert de "sample" dans "croise pas mon regard"...), signée Bear Mc Creary, y'a même une reprise étrange de Bob Dylan qui est déclinée pendant deux saisons.
La première saison, à base de percussions asiatiques très rythmées pour les scènes d'action et de musique classique pour les scènes de "révélation" est très souvent utilisée en fond sonore pour les reportages TV ou pour des bandes-annonces et la musique de Kho-Lanta est bien pompée dessus...
Autre perle: Gaeta's lament, interprétée par un des acteurs dont le personnage connait un destin navrant, ce qui inspire le dialogue suivant: " such a sad way  to discover such a beautiful voice..."
Voir la page qui y est consacrée:
bande son BSG sur Wikipedia
et le site de Mc Creary:
bearmccreary.com

Précision techniques: un téléfilm pilote, une série "régulière" de quatre saisons à partir de 2003, plus une série spin-off "Caprica" ( l'histoire avant l'histoire...) de une saison et des films TV: Razor, The Plan et Blood and chrome (la jeunesse de Adama).
A voir impérativement en VO, ne serait-ce que pour les "frak" qui remplacent avantageusement les "F...k" ou toutes les déclinaisons d'expressions à base de "God(s)" ( voir plus bas l'explication du "S" )...

L'histoire: une humanité "trans-planétaire" établie sur douze colonies aux noms évoquant le zodiaque profite d'une vie confortable légèrement hantée par le souvenir d'une guerre l'ayant opposé quarante ans plus tôt aux cylons ( cybernetic living organisms, il me semble...), des machines douées d'intelligence qui se sont bien évidemment rebellées avant de disparaître.
Les "coloniaux" sont une projection à peine déguisée de notre société avec ses inégalités et ses tensions internes: ils sont étrangement polythéistes ( aspect plus développé dans Caprica ) ou bassement matérialistes, ce qui va leur fournir moult motifs de division supplémentaires quand ils finiront par découvrir que les cylons adorent un Dieu unique...

( leur architecture hésite entre l'historico-mystique et le "random modern"
avec des "futurisations" de gratte-ciels actuels ( ici le "four time square" de NY) : )




Les cylons ( surnommés "Toasters" - les grille-pains - ) reviennent sournoisement sous forme humaine ( les "skinjobs" ) et accomplissent une revanche qui jette une poignée de survivants ( "la flotte civile" ) et un vaisseau militaire ( le battlestar "Galactica", donc ) dans une fuite effrénée ( premier épisode de la première saison absolument épuisant de sentiment d'urgence ) à travers l'espace à la poursuite (très) incertaine de la mythique "treizième colonie" perdue...

Dans BSG, tous les caractères possèdent des failles et des contradictions comme n'importe qui à n'importe quelle époque, les hommes et les femmes sont traités à égalité et sans complaisance et tout le monde finit par se montrer injuste envers les autres ou par faire des choses dont ils ne sont pas fiers. Même les machines finissent par être "corrompues" et par se montrer irrationnelles... Personne n'est à l'abris et personne n'est épargné.



Pour les filles- et les mecs progressistes - BSG est plein de personnages de femmes fortes qui dynamitent les codes et tiennent la dragée haute aux hommes tout en restant sexy...
D'ailleurs, une des innovations de ce "reboot" a été de remplacer un des deux personnages principaux ( Starbuck, le pilote tête brûlée ) par une femme, ce qui permet la photo "gag" ci-dessous:

Une belle galerie de femmes fortes et non conventionnelles, autant côté humain:
 ( La "présidente par accident devenue leader illuminée" Laura Roslyn.
actrice: Mary Mac Donnell )
( Visage très expressif, l'image même de la compassion... A joué la mère de Donnie Darko. )


 ( La pilote Kara "call sign Starbuck" Thrace, a real pain in the ass...
actrice: Katee Sackhoff )
 ( note "IMO", je viens de voir "Divergente 2" et le rôle de l'héroine est un pompage honteux de Starbuck, jusque dans la symbolique des évolutions capillaires: long=gentil, court=agressive...)

...que côté (sex) machines:
 ( de gauche à droite: modèles numéros "6", "3" ( actrice: Lucy Lawless ) et "8")
 ( actrice: Grace Parks )
 ( actrice: tricia Helfer )

A signaler également l'amiral Caine ( deuxième saison ), qui abat sur le champ les officiers trop timorés,




fait enfermer et torturer ( et violer par ses hommes, et oui, c'est une série qui ose...) son ex-amante, une cylon infiltrée "modèle six", qui lui offrira une fin digne d'elle:







BSG, c'est aussi des oppositions de caractères, des triangles amoureux et un gros conflit père/fils:



( Toute la relation Appollo/Starbuck - imaginez dans la série d'origine - résumée en une planche. Point culminant: l'épisode "le grand combat", qui met en parallèle une déclaration d'amour simple mais déchirante et un combat de boxe entre les amants ( homme/femme, donc )... Explosion d'émotions contenues pendant toute la série. Je rêve d'arriver à approcher une telle efficacité... Dans le chapitre " I'm with you" ou jamais...)

( acteurs: Jamie Bamber et Edward James Olmos
vu "jeune" dans Blade-runner, il faisait des origamis...)

Des personnages biens ambigus, qu'on adorent détester et qui font montre d'un infini talent d'adaptation. J'appelle le professeur Gaïus Baltar à la barre:

( acteur: James Callis, vu en ami "PD" de Bridget Jones...)

Lâche, cynique et corrompu, complice involontaire puis forcé de l'ennemi, auteurs de retournements de veste que d'autres jugeraient infaisables. Exploite et succombe à toutes les faiblesses imaginables.
Toujours à la limite de la traîtrise et constamment mal inspiré... A sa décharge, il doit composer avec des "visions" très persuasives, la délicieuse "head six"...


( ce fan art est un bijoux d'humour noir, voir début de la troisième saison...)

Des ambiances visuelles contrastées entre l'intérieur sombre mais aussi curieusement apaisant des vaisseaux, mélange d'éclairages tamisés, de formes utilitaires et de mobilier "historique":


 ( les interminables couloirs, décors de tant de scènes...)


et les décors naturels et paradoxalement "inquiétants" des planètes:



ou encore les échappées mentales de Baltar et les flash-back qui le renvoient à sa maison sur Caprica, aka "the lake house". Un décor récurent jusqu'à la fin et des scènes à l'ambiance volontairement irréelle, d'autant plus que la maison n'existe plus dès les premières minutes du pilote de la série :






( dans la réalité, près de Vancouver. 
Si je finis millionnaire et célibataire un jour, j'irais vivre dans le coin...)
En fait, il y a deux maisons différentes utilisées comme décor pour le même lieu, dont une par l'architecte local Brian Hemingway. son site:brianhemingway.com
Pour moi, ce gars fait du Frank Llyod Wright, à la sauce "Pacific Northwest" ( ce que j'appelle "sapinland" ). Il dessine principalement des maisons, magnifiques:





 ( rêvez pas, maison à 11 990 000 dollars ( canadiens, mais quand même...) )

Son style est très reconnaissable dans ces scènes du dernier épisode, admirez les cadrages et comment l'architecture se prête à la mise en image:

( Baltar qui apprend la vie à son "mini moi", un flash-back savoureux...)



J'espère que vous avez conscience que c'est pas tous les blogs citant BSG qui vous parlerons des décors et des cadrages...
Déclinaison intéressante du thème de la maison : Le chief Tyrell et son exemplaire "8" - Boomer, le double maléfique de Athena - se créent en "projection" ( une sorte de réalité virtuelle intégrée aux cylons ) leur propre petite maison en bois dans les sapins...

De manière générale, les scènes "hors espace et vaisseaux " sont traitées avec un parti pris assumé de "normalité": véhicules - y'a une DS - et styles architecturaux actuels ou "modern vintage" mêlant prises de vues réelles ( à Vancouver, BC, principalement ) et rajouts de synthèse :

Du coup, les décors pourtant souvent à peine "explorés" mais dont l'ambiance est immédiatement identifiable deviennent des codes pratiques pour comprendre à tout moment où et même "quand" on est, parce que la plupart de ces lieux sont des "fantômes" de la vie des personnages avant le début de la série. Quand tu vois ce bassin au milieu de ce "cloître" moderniste, tu sais que tu es sur Caprica et dans le passé...

De la mythologie bien visuelle, mélange de légendes grecques et d'astrologie:




De philosophie militariste et politique:


Il y a également une citation d'un discours contestataire célèbre en fin de deuxième saison ( scènes " two years later..." ), également repris par Linkin Park dans l'album A thousand suns.
Et cette scène, qui a fortement impressionné Van et qu'il mettra à profit dans la deuxième partie du livre :






Ou encore ma citation préférée:





Des moments de tension inattendus:


 ( cette phrase toute simple est glaçante "en contexte", elle révèle plein de choses importantes et effrayantes... Notamment que balancer les cylons morts ou vivants par les airlocks n'est pas que de la cruauté...
 La plupart de ces moments sont liés aux doutes sur les capacités réelles - physiques et mentales - des cylons humanoïdes, une petite marge de manœuvre que ce sont laissé les auteurs...)


De l'humour:


Et quand même des beaux mecs:


( Carl Agathon, call sign: "Hello"
acteur: Tamoh Penikett )

Un décompte très à jour du nombre de survivants, qui sert de "running gag" déprimant à chaque début d'épisodes:



Evidemment, des batailles spatiales et des vaisseaux, dont aucun n'est vraiment réaliste d'un point de vue scientifique et il faut bien avouer qu'"ils" ont cédé à l'hérésie des bruits de tirs et d'explosions dans l'espace :



Et cette "pensée" d'un cylon "modèle 1", frustré d'être prisonnier de son corps humanoïde. ALAN pourrait penser exactement cela ( et il le fera, j'ai bien appris mes leçons... ) :



 Le tout ayant inspiré de magnifiques images:






( la Nova qui obsède Starbuck et dans laquelle elle fini par disparaître... )




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire